Pourquoi l’Inde ne participe pas à la Coupe du monde ?

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L’une des plus grandes puissances démographiques, 20 % de la population mondiale, est absente de cette Coupe du monde. Au-delà des aspects culturels, ce sont bien des questions structurelles qui doivent être prises en compte pour comprendre cette situation. À court terme, cependant, celles-ci seraient bien susceptibles de changer pour faire de ces deux géants les nouvelles nations incontournables du foot.

En Inde, un sport médiatique, mais une fédération pauvre

Quand on pense à l’Inde en matière de sport, le premier réflexe est de penser au cricket, héritage de la colonisation britannique et qui bat des records d’audimat et de revenus. À titre d’exemple, en 2015, les droits de retransmission ont été accordés à 2,5 milliards de dollars et la ligue nationale de cricket aurait contribué pour 182 millions de dollars au PIB indien.

Pourtant, le football est un sport médiatiquement populaire puisqu’il est le troisième sport le plus regardé dans le pays (après le cricket et le kabaddi – sport de contact pratiqué dans le sous-continent). 216 millions de personnes auraient ainsi regardé les matchs des ligues nationales en 2016. L’Inde a une ligue nationale de football, la I-Ligue, qui existe depuis 2007 avec 10 clubs participants. Co-existe un championnat professionnel, l’Indian Super League qui regroupe 10 équipes. Toutes deux sont gérées par la All-India Football Federation (AIFF), créée au lendemain de l’indépendance en 1948.

Cependant, comparé à d’autres fédérations nationales, l’AIFF est relativement pauvre. Il n’y a d’ailleurs que trois clubs professionnels (Cochin, Mumbai et Pune). En outre, le financement de ces équipes est souvent précaire et contraint. Il est donc actuellement très difficile de générer des revenus pour le football indien.

Manque de motivation du côté du gouvernement et des familles

Malgré cette situation précaire, la FIFA regarde l’Inde avec beaucoup d’attention. Le pays a organisé l’année dernière sa première compétition mondiale, la FIFA U-17 World Cup, qui accueille les meilleures équipes mondiales de moins de 17 ans (la Chine, de son côté, avait organisé la première édition en 1985).

Si l’équipe indienne, là non plus, n’a pas réussi à s’imposer sur le podium, le record d’affluence de cette compétition a été battu cette année avec plus d’1,2 million de spectateurs. Cette compétition a eu aussi pour vertu de renouveler des infrastructures très vieillissantes sur le territoire (26 nouveaux stades ont été construits) et à attirer de nouveaux sponsors pour la I-League.

Pourtant, malgré ce succès et le soutien du premier ministre, on ne relève pas de réelle ambition politique vis-à-vis du développement de ce sport. Les choix liés au développement de la pratique sportive sont peu ambitieux. Si « Mission 11 » (attirer 11 millions d’enfants dans les clubs amateurs, organisé à l’occasion de la FIFA U-17 World Cup) a remporté un franc succès, le nombre d’écoles professionnelles se compte actuellement sur les doigts d’une main.

Ce sont d’ailleurs plus les opérateurs privés et surtout les autres ligues sportives qui soutiennent le projet de développement du football dans le pays. En 2009, la Ligue de Cricket avait même décidé de donner 250 millions de roupies, soit 3,1 millions d’euros, à l’IAFF. Il en va de même pour les investissements d’infrastructures qui sont incomparablement moins importants qu’en Chine.

Enfin, et c’est également le cas en Chine, les familles indiennes sont en général très réticentes à l’idée que leurs enfants fassent carrière dans le sport, les études étant – notamment pour la classe moyenne – le seul chemin respectable pour s’assurer une vie meilleure. Les familles de ces deux pays préfèrent dépenser leur argent en cours particuliers plutôt qu’en activité extra scolaires et n’encouragent pas du tout leurs enfants dans cette voie.

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